Les typographies de L'Encyclopédie des migrants : l'Avenir

En complément de la Stuart qui est notre police de caractère principale, nous avons opté pour une secondaire, l’Avenir. Cette dernière est utilisée, dans le cadre de L’Encyclopédie des migrants, pour le sous-titrage, à savoir les localisations géographiques des témoins participants au projet.

IMG_2504Le créateur de l’Avenir, Adrian Frutiger[1], s’est inspiré de la Futura (1927) pour dessiner sa nouvelle police. Typographe[2] suisse, créateur de polices de caractères et de logotypes, il a étudié la sculpture, l’illustration, la gravure et la calligraphie, autant de disciplines qui l’ont mené à travailler dans une fonderie parisienne. Considéré comme l’un des plus grands créateurs de polices de caractère du XXe siècle, Frutiger est à l’origine de nombreuses typographies, parmi lesquelles la Frutiger, l’Univers et bien sûr, l’Avenir.

Créée en 1988, l’Avenir est le résultat d’un juste milieu entre une linéale[3] géométrique et une grotesque humaniste. Effectivement, loin d’être purement géométrique, elle contient des éléments de styles humanistes, voire calligraphiques. Ses lettres capitales sont réservées au titrage et marquent la classe et la stabilité. Ses bas de casse, ou bien lettres minuscules, ont quant à elles l’avantage des linéales géométriques sans les inconvénients. Elles possèdent un meilleur équilibre optique, ce qui les rend de fait plus faciles à lire, et sont donc très utiles pour les textes courts, ceux de la presse, par exemple.

Au tout début du travail de recherches graphiques, nous avions pensé utiliser la police Univers[4]. Conçue spécialement en 1967 pour être employée sur les machines à écrire de la marque IBM, cette police marque un tournant dans l’histoire de la typographie. Elle est en effet la première police à être déclinée dans plusieurs graisses, soit vingt et une différentes. Son dessin précis et son aspect pratique et original font d’elle une classique de la typographie contemporaine.

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Considérant le fait que nous souhaitons ancrer le projet dans la modernité, l’usage de l’Univers aurait pu se révéler un bon choix. Néanmoins, suivant la proposition de Lénaïg Friguel (étudiante à LISAA), nous avons opté pour l’Avenir. Par ses côtés humanistiques, cette police rappelle le siècle des Lumières dont sont issus Diderot et d’Alembert, les pères de l’Encyclopédie et s’associe brillamment avec la Stuart. L’Encyclopédie des migrants garde par ce biais un aspect humaniste, tout en collant à l’époque actuelle. Elle conserve un esprit Renaissance de par son support papier mais s’ancre définitivement dans l’ère numérique grâce à ses polices contemporaines.


[1] Décédé en septembre 2015, à l’âge de 87 ans.

[2] Lire le précédent article sur la Stuart.

[3] Les linéales n’ont aucun empattement. L’Avenir est donc opposé à la Stuart, concernant ce point.

[4] La première police linéale de Frutiger.